Les violences sexuelles en contexte de conflit : des informations complètes et pratiques pour mieux les comprendre, les appréhender et y faire face

Cette page a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur les différents types de violences sexuelles qui peuvent survenir en contexte de conflit, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes de violences sexuelles en contexte de conflit.

Selon les Nations Unies, les civils et surtout les femmes et les enfants, représentent la grande majorité des victimes dans les guerres d’aujourd’hui. Durant ces conflits, les femmes peuvent être victimes de violences sexuelles. En effet, les violences sexuelles commises sur les femmes lors de conflits armés constituent une forme de violence très répandue bien qu’elle soit peu connue et rapportée.

Les violences sexuelles sont parfois utilisées systématiquement dans les conflits armés dans le but d’atteindre des objectifs militaires et/ou politiques.​

Le viol comme arme de guerre

Le viol comme arme de guerre est une tactique militaire employée pour terroriser la population, détruire les familles et les communautés.

Le viol comme arme de guerre est une tactique militaire utilisée dans le but de déstabiliser, de terroriser et de déshumaniser une population. Il a pour objectif de détruire des communautés, et dans certains cas, de changer la composition ethnique des générations suivantes.

Les violences sexuelles sont employées tant par les groupes paramilitaires que par les armées gouvernementales et les groupes armés non étatiques. Certaines violences peuvent aussi être commises par des agents du maintien de la paix, et ce malgré la tolérance zéro imposée par l’ONU à ses membres.

Qui est concerné·e ?

Selon un rapport d’ONU Femmes de 2006, « entre 250 000 et 500 000 femmes et filles ont été violées au cours du génocide rwandais en 1994, plus de 60 000 durant la guerre civile en Sierra Leone, entre 20 000 et 50 000 pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine et au moins 200 000 en République démocratique du Congo depuis 1996. ». Plus récemment, l’ONU parle d’une « recrudescence spectaculaire » de ce type de violences, avec une hausse de 50% en 2023. En effet, des viols de masse ont ainsi été constatés en Ukraine ou à Gaza.

Les chiffres, comme tous ceux qui concernent les violences sexuelles, sont évidemment sous-estimés. En effet, cas de violences sexuelles liées aux conflits armés sont rarement dénoncés. Les raisons qui poussent les femmes à ne pas dénoncer ces faits sont :

  • La peur des représailles ;
  • L’insécurité ambiante ;
  • L’absence de services d’aide ;
  • L’impunité des auteurs, autrement dit l’idée que la dénonciation ne sert à rien étant donné que, dans la plupart des situations, les auteurs de violences sexuelles restent en liberté sans être inquiétés. Lorsque les victimes font part de ce qu’elles ont vécu, c’est souvent car elles ont besoin de recevoir une aide médicale et/ou psychosociale.

Quelles conséquences sur la santé ?

En parallèle de ces conséquences physiques et psychologiques, le viol comme arme de guerre a d’autres impacts, plus spécifiques, qui sont d’ordre social.

  • La stigmatisation et la marginalisation

Les victimes survivantes de ces viols et les enfants nés de ces violences se retrouvent bien souvent stigmatisé·e·s et marginalisé·e·s. Dans de nombreuses sociétés, les croyances et les préjugés considèrent les victimes de violences sexuelles comme responsables de ce qui leur est arrivé. Dès lors, à leur retour (après leur libération ou leur fuite), les femmes victimes de viol et les enfants nés de ces violences font l’objet de discriminations répétées, et leurs droits sont limités.

  • En ce qui concerne plus spécifiquement les enfants nés de ces viols, ils peuvent être abandonnés, rejetés ou même maltraités

Ces enfants font l’objet de discriminations, comme en recevant une alimentation différenciée ou en ne bénéficiant que d’un accès restreint aux soins de santé, contrairement aux autres enfants de la famille. Les enfants nés de ces viols peuvent également être considérés comme un danger pour l’avenir de la société. Au Congo, la majorité des enfants nés de ces viols ne sont pas déclarés : ils n’ont donc pas la nationalité congolaise. Certains de ces enfants vivent avec les milices, abandonnés dans les forêts et ne reçoivent pas d’éducation. Ils risquent ainsi de devenir des enfants-soldats. Et après ? Que vont-ils devenir ? Comment vont-ils grandir ? Avec quels repères ? Souvent, on parle de véritables « bombes à retardement » en évoquant ces enfants.

Enfin, nous constatons que dans les sociétés où le viol comme arme de guerre est perpétré, cette violence sexuelle est banalisée. Le viol reste, dans la majorité des cas, impuni. Au courant de cette impunité, les hommes pensent donc, de plus en plus, qu’ils sont autorisés à forcer les femmes à avoir des relations sexuelles sans consentement. ​​

Pour plus d’informations sur les conséquences générales du viol sur la santé, voir notre sous-dossier sur le viol.

Vers qui me tourner ?

​Il n’existe malheureusement pas en Belgique de services spécialisés dans les viols comme arme de guerre. Il est donc conseillé aux personnes concernées de prendre contact avec des professionnel·le·s spécialisé·e·s dans la thématique des violences sexuelles. Voir notre article Vers qui me tourner en cas de violences sexuelles ?.

Les violences sexuelles liées aux migrations

Que ce soit lors de leur exil, au sein d’une zone de transit ou encore dans les camps de réfugié·e·s situés dans les pays d’accueil, les femmes migrantes sont victimes de violences sexuelles de manière très fréquente.

Ces violences sexuelles subies par les femmes en situation d’exil sont de différents types. Les principaux sont le viol et l’exploitation sexuelle. En effet, durant leur parcours migratoire, ces femmes en situation d’exil font face à des violences sexuelles, à travers les viols qu’elles peuvent subir et à l’exploitation sexuelle exercée par certaines personnes de pouvoir abusant de leur vulnérabilité les forçant à avoir des rapports sexuels en échange de services ou d’argent.

Il peut s’agir de passeurs qui, en échange d’un rapport sexuel forcé, permettent aux femmes d’embarquer sans payer dans leur bateau ; d’agents de sécurité ou de police qui, avec ou sans contrepartie, agressent ces femmes.

Ces violences sexuelles sont d’autant plus présentes au sein des zones de transit ou des camps de réfugié·e·s puisque, dans ces endroits, chaque pièce est commune aux femmes et aux hommes (les pièces de vie, les chambres, les douches, les toilettes, etc.). Cette situation favorise les violences sexuelles et augmente le traumatisme vécu par les femmes victimes car tout autre personne présente dans la pièce est témoin de ces faits. Cependant, la plupart du temps, aucune plainte ni témoignage n’est déposé auprès des autorités, par peur de représailles et/ou par honte d’avoir été victime ou témoin.

Qui est concerné·e ?

Peu de femmes dénoncent les violences sexuelles qu’elles subissent lors de leur trajet d’exil. Et ce, pour diverses raisons :

  • ​La honte : honte d’avoir été victime et/ou de ne pas avoir pu empêcher que ces violences sexuelles se produisent.
  • La culpabilité : reproches envers soi-même, impression d’être l’élément déclencheur des faits, de les avoir provoqués.
  • Le sentiment d’insécurité : sentiment de ne pas avoir été protégé·e par autrui, qui est accentué lorsque les violences sexuelles subies sont perpétrées par un agent de sécurité ou de police.
  • La peur de vengeance : crainte que l’agresseur reproduise les violences sexuelles si la victime en parle à une autre personne ou si elle dépose plainte auprès de la police.
  • L’absence de prise en considération : les violences sexuelles sont insuffisamment prises en compte par le personnel des zones de transit, des camps de réfugié·e·s, par la police et par les pouvoirs politiques.
  • La crainte du rejet par autrui : peur du rejet des autres car la victime est perçue comme bafouée/salie par les violences sexuelles vécues ; peur du rejet du mari/compagnon.

Une recherche effectuée par Amnesty International​ auprès de femmes migrantes arrivant de Syrie et d’Irak montre que la majorité de celles-ci ont été et sont encore exposées à des violences physiques et sexuelles, à l’exploitation sexuelle et au harcèlement sexuel durant chaque étape de leur trajet migratoire, y compris sur le territoire européen pour certaines. Sur 40 réfugiées interrogées s’étant rendues en Grèce depuis la Turquie, toutes affirment avoir été menacées de viol et/ou avoir subi directement des violences sexuelles et ce, parfois, en échange de services. Ces actes sont perpétrés par des passeurs, des employés chargés de la sécurité ou d’autres réfugié·e·s.

Cette étude met également en évidence le fait que ces violences sexuelles ont lieu dans n’importe quel endroit. Cela peut se produire sur le bateau lors de la traversée, dans une ruelle sur le chemin de l’exil, dans une zone de transit ou encore au sein d’un camp de réfugié·e·s. Aucun endroit ne paraît sûr pour ces femmes, la peur et le sentiment de menace sont donc constamment présents.

Quelles conséquences sur la santé ?

La non-divulgation et l’absence de représentations des violences sexuelles subies par les femmes réfugiées ont de fortes répercussions sur leur santé. Différentes conséquences sont observées chez ces victimes. Il s’agit de conséquences physiques, psychologiques et sociales entre autres.

Sur le plan physique, trois types de séquelles sont observés :

  • ​Conséquences physiques aiguës : blessures, chocs, maladies, infections, SIDA/VIH, etc.
  • Conséquences physiques chroniques : invalidité, maladies somatiques, infections chroniques, troubles de l’alimentation, troubles du sommeil, etc.
  • Conséquences sur la santé sexuelle et reproductive : fausses couches, IST, SIDA/VIH, troubles gynécologiques, etc. De plus, il y a également un risque important de grossesses non désirées et d’avortements puisqu’aucune protection n’est utilisée lors de ces viols. Précisons que les avortements peuvent être dangereux s’ils sont effectués dans de mauvaises conditions sanitaires ou par du personnel non formé.

Au niveau psychologique :

  • Un stress post-traumatique ;
  • Une peur persistante ;
  • Un sentiment de honte, de culpabilité ;
  • Une sensation d’insécurité ;
  • Des idées suicidaires s’installent chez de nombreuses victimes.

En ce qui concerne les conséquences sociales, les plus récurrentes sont le rejet social et l’isolement.

D’autres conséquences liées à d’autres formes de violences sexuelles peuvent également apparaître. Pour plus d’informations, consultez les rubriques de ce site consacrées au viol, à l’exploitation sexuelle et au harcèlement sexuel.

Vers qui me tourner ?

Voir notre article Vers qui me tourner en cas de violences sexuelles ?.

Des réponses à vos questions

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