Durant la pandémie du Covid-19, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) a largement été mise de côté en milieu scolaire. Pourtant, l’urgence de la gestion de crise a, peu à peu, laissé place à une jeunesse en manque de repères sociaux, affectifs et même scolaires. Il a fallu plus que jamais montrer à ces jeunes qu’il existait des professionnel·le·s, structures et services capables de les accompagner et de répondre à leurs interrogations.
Des Centres de Planning familial toujours au rendez-vous
Durant la pandémie, les Centres de Planning familial (CPF) n’ont fort heureusement jamais cessé d’exister et se sont, jour après jour, adaptés à la situation malgré les risques sanitaires connus. Ils sont restés ouverts et présents pour continuer à répondre à des demandes de tout type en lien avec la santé sexuelle et reproductive, les violences, la vie affective et relationnelle…
Pourtant, durant la pandémie, faire appel à un CPF n’a pas toujours été évident pour le grand public et surtout pour les jeunes. L’appréhension de passer la porte d’un CPF, la peur de se sentir seul·e, l’inquiétude de ne pas y être à sa place, le sentiment de déranger dans une période chamboulée ou simplement la difficulté de rejoindre physiquement un centre en pleine pandémie… Pour le Centre de Planning familial Soralia de La Louvière, il n’était pas question de laisser cette distance s’installer, d’autant que les animations EVRAS étaient devenues rares en milieu scolaire : « Nous avons installé une permanence décentralisée directement à l’Athénée Provinciale de La Louvière. Elle était proposée le vendredi de 11h30 à 12h30 » explique Giulia Galluzzo, assistante sociale du planning. Un coup de pouce inespéré pour tou·te·s ces jeunes en quête de questionnements.
Ces permanences ont rencontré un franc succès et sont d’ailleurs toujours d’actualité : « Les élèves viennent et posent leurs questions. Ce projet a été très soutenu par l’école avec laquelle l’équipe collabore depuis plusieurs années. Les élèves ont été informé·e·s de cette permanence via la page Facebook de l’école et surtout via leurs mails personnels, c’est d’ailleurs ce qui a le mieux fonctionné. L’équipe a également publié une petite vidéo présentant le projet, le lieu et l’accès. » Cet engouement démontre la nécessité d’accompagner les jeunes dans leur recherche d’informations fiables ou simplement leurs questionnements divers en lien avec la vie affective, relationnelle ou sexuelle.
Une vie affective et sexuelle malgré la pandémie
Aujourd’hui, les professionnel·le·s de la santé mentale de l’enfance et du secteur de l’EVRAS s’accordent à dire qu’il est primordial d’entamer un travail sur le retissage de liens en offrant aux jeunes un espace de parole, elles·eux qui se sont sentis pendant plusieurs mois isolé·e·s, étouffé·e·s socialement. La vie reprend aujourd’hui peu à peu son cours avec toutes les dimensions qui la compose. D’ailleurs, les questionnements et les demandes des jeunes ne concernent pas uniquement le confinement et le post-confinement : « Les questions qui reviennent le plus souvent sont en fait celles qu’on rencontre en général lors d’accueil en Centre de Planning : la contraception, les IST, l’utilisation de préservatifs, les tests de grossesse, la pilule du lendemain ou encore des questions plus pointues comme l’allergie au sperme par exemple » précise Giulia Galluzzo.
On note également d’autres interrogations portant sur l’identité sexuelle qui sont à mettre en lien avec les discours sociétaux actuels et avec les réalités vécues au sein même de l’école autour des questions de reconnaissance de l’identité sexuelle.
Des questionnements qui méritent des réponses concrètes et fiables et qui prouvent que cette pandémie n’a en aucun cas empêché les jeunes de mûrir leurs réflexions.
Vers une généralisation effective de l’EVRAS en milieu scolaire ?
Rappelons que, depuis 2012, l’EVRAS fait partie des missions de l’école comme inscrit par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela signifie que ce sont aux établissements scolaires de prendre des initiatives en ce sens dans le cadre de leur autonomie. Pourtant, 9 ans plus tard, force est de constater que de nombreuses écoles n’organisent toujours aucune animation. Une grande partie des élèves francophones de Belgique n’a jamais bénéficié ne serait-ce que de deux heures d’EVRAS au cours de sa scolarité : un constat alarmant !
C’est dans ce contexte que la Plateforme EVRAS, dont fait partie la Sofélia-Soralia, a rédigé une carte blanche en septembre 2021 signée par de nombreuses·eux psychologues et pédopsychiatres, afin de rappeler une fois de plus la nécessité que l’EVRAS retrouve la place qu’elle mérite dans l’enseignement.
Il est urgent que la volonté politique se transforme en véritables actes, avant tout pour le bien-être des enfants et des jeunes, dans cette nouvelle vie marquée par des mois de pandémie.