Communiqué de presse de Solidaris, les Femmes Prévoyantes Socialistes et Fédération des Centres de Planning familial des Soralia – 9 septembre 2020
Les Femmes Prévoyantes Socialistes (Soralia), Sofélia (Sofélia-Soralia) et Solidaris saluent l’initiative politique de Ludivine Dedonder quant à la gratuité de toutes les protections hygiéniques pour toutes les femmes* [1] en Belgique. En effet, la députée socialiste a déposé une proposition de résolution à la Chambre qui semble, pour l’instant, être accueillie favorablement à la table politique.
Cette proposition est une avancée fondamentale dans la lutte pour l’égalité entre les femmes* et les hommes. Elle dépasse largement l’étape de la reconnaissance – nécessaire mais insuffisante – des protections périodiques comme produit de première nécessité. En 2017, la TVA, appelée aussi « taxe rose », sur les protections périodiques était passée de 21% à 6%. Un pas en avant qui ne permet pourtant toujours pas à bon nombre de femmes* de vivre décemment leur période menstruelle.
Cependant, cette proposition de résolution n’a pas valeur de proposition de loi. En effet, contrairement à une proposition de loi, le gouvernement n’est pas obligé de mettre à exécution une résolution [2].
Pourtant, la précarité menstruelle est un réel enjeu collectif qui est pointé du doigt par les Soralia et la Soféliadepuis de nombreuses années [3]. Être une femme* au 21ième siècle a un prix non-négligeable. Les menstruations, ce processus biologique naturel se produit en moyenne 480 fois au cours d’une vie, ce qui correspond à l’utilisation d’environ 10.560 protections hygiéniques [4]. Or, plusieurs études démontrent que le coût de ces produits essentiels revient en moyenne entre 2000 euros et 10.000 euros sur toute une vie [5].
Au vu du budget alloué aux produits périodiques, il s’agit d’un réel enjeu de santé publique qui ne doit pas uniquement être « géré » individuellement, d’autant plus que les femmes* connaissent de manière générale une plus grande précarité socio-économique [6] que les hommes. Ainsi, une partie des femmes* se retrouve perpétuellement démunie tous les mois durant 39 années en moyenne [7]… C’est pourquoi de nombreuses associations de la société civile dont les Soralia et la Soféliaont distribué gratuitement ces protections en vue du respect de la dignité des femmes* en situation de précarité. Cet accès à la santé ne devrait pas dépendre de la société civile ou du « bon vouloir » des prix du marché économique.
Il est évident que les entreprises de produits hygiéniques ne diminueront pas les prix de ces produits pour combattre la précarité menstruelle. De plus, ne pas donner accès à de bonnes conditions en période menstruelle, c’est priver une partie de la population de son droit d’accès à la santé. Dans des contextes de vie précaire, il n’est pas toujours possible pour les femmes* d’avoir les moyens de changer de protection régulièrement car elles n’en disposent pas suffisamment ce qui peut, à termes, provoquer des maladies et des infections [8].
Cette proposition de résolution représente donc un signal fort, c’est-à-dire une manière de lever le tabou encore bien présent autour des règles, qui amène à l’ignorance et peut engendrer certains problèmes de santé que la prévention aurait pu éviter. A l’instar de l’Ecosse qui a récemment rendu les protections périodiques gratuites pour toutes les femmes*, il est urgent que la Belgique agisse en ce sens et renforce sa politique de sensibilisation au travers notamment de la généralisation de l’EVRAS (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle), dont l’objectif est de réduire les inégalités sociales de santé.
Solidaris, les Soralia ET la Soféliasoutiennent la politique de gratuité des protections périodiques car alléger la charge financière et mentale des femmes* permet de tendre vers une réelle égalité, selon un principe de solidarité et non de sur-responsabilisation de ces dernières. Cela envoie un message fort : la santé des femmes* n’est pas secondaire et toutes les femmes* ont droit à un accès égalitaire à la santé.
[1] Nous utilisons le terme Femme*-s* avec un astérisque pour visibiliser les différentes réalités des personnes ayant leurs menstruations. Les « femme*s » ne constituent pas un groupe homogène.
[2] https://www.senate.be/event/20070323-troubled-waters-forum/Resolution.pdf
[3] Pour retrouver le dossier complet : https://www.femmesprevoyantes.be/2019/03/12/femmes-plurielles-decembre-2018-les-regles-ragnagnas/
[4] Emmanuelle, C. (2017). Sang tabou: essai intime, social et culturel sur les règles. Editions La Musardine.
[5] Idem ; https://www.huffingtonpost.co.uk/2015/09/03/women-spend-thousands-on-periods-tampon-tax_n_8082526.html?utm_hp_ref=tw&guccounter=1 ; De Halleux Françoise, « Gratuité pour les protections hygiéniques », article de Sud Presse publié le 08/09/20.
[6] Elles sont surreprésentées dans des métiers peu valorisés et à mi-temps, dans les familles monoparentales,… Les protections hygiéniques peuvent impacter durablement leur budget déjà serré. Sans oublier les étudiantes, les femme*s sans-abris, sans-papiers, etc.
[7] De Halleux Françoise, « Gratuité pour les protections hygiéniques », article de Sud Presse publié le 08/09/20.
[8] https://www.sofelia.be/le-syndrome-du-choc-toxique-mieux-vaut-prevenir-que-guerir/