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Sofélia a dernièrement lancé sa campagne d’éducation permanente intitulée « Relations, Sexualités, Identités – Décodons l’EVRAS à l’heure du numérique ». Cette campagne s’adresse principalement aux adultes, professionnel·le·s ou non, étant en contact avec des jeunes entre 12 et 25 ans. En effet, l’EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) à l’heure du numérique est confrontée à de nouveaux enjeux auxquels les adultes d’aujourd’hui n’ont pas forcément été confronté·e·s durant leur jeunesse, ce qui crée un écart de compréhension entre leurs représentations de l’EVRAS et les réalités vécues par les plus jeunes. Dès lors, ce projet a pour objectif principal de combler le manque de connaissances et de développer l’esprit critique des adultes sur les nombreux enjeux de l’EVRAS à l’heure du numérique afin qu’elles·ils puissent les aborder avec les jeunes en connaissance de cause et sans appréhension.
Le secteur des Centres de Planning familial travaille à rendre les enjeux autour de l’EVRAS accessibles à tout le monde avec la création d’une variété de supports. Dès lors, pour le plaisir de toutes et tous, cette fin d’année 2024 sera ponctuée de la sortie d’outils informatifs et pédagogiques ainsi que de campagnes à l’initiative de différentes structures du secteur.
Pourquoi est-ce important de mener une telle campagne ?
En septembre 2023, l’Accord de Coopération EVRAS a été adopté par les trois parlements francophones du pays. Ce dernier prévoit l’obligation pour les écoles d’organiser au minimum une animation EVRAS de 2 heures en 6ème primaire et en 4ème secondaire. L’EVRAS étant déjà l’une des missions de l’enseignement obligatoire depuis 2012, ces animations existent déjà dans de nombreux établissements scolaires mais de manière disparate. Cet Accord de Coopération vise donc à ce qu’elles soient dispensées de façon égalitaire sur l’ensemble du territoire de la Fédération-Wallonie-Bruxelles.
Toutefois, depuis l’adoption de cet Accord, un nombre considérable de fausses informations au sujet de l’EVRAS circulent, et ce notamment sur internet et les réseaux sociaux. Des campagnes de désinformation ont ainsi vu le jour menant jusqu’à des manifestations anti-EVRAS [1] et des dégradations dans des écoles à Liège et Charleroi [2]. Cette polémique a créé une panique morale [3] autour de l’EVRAS et de toutes les thématiques qu’elle comporte.
L’EVRAS constitue pourtant un enjeu essentiel, notamment pour les enfants et les adolescent·e·s. Dans un premier temps, elle avait pour objectif premier de prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST) [4] mais avec le temps, les besoins liés à l’EVRAS et les questions qui en découlent ont évolué. Les sujets évoqués, eux aussi, se sont développés. Elle aborde désormais, entre autres, des sujets comme le harcèlement, le consentement, les violences sexuelles, la contraception, les grossesses non désirées, les infections sexuellement transmissibles, etc.
Les objectifs principaux de la campagne
- Améliorer les connaissances du grand public et, plus spécifiquement, des personnes en contact avec des jeunes (parents, grands-parents, accompagnant·e·s, etc.) sur ce qu’est l’EVRAS, ses objectifs et son utilité ;
- Déconstruire les idées reçues et fausses informations véhiculées sur l’EVRAS, notamment sur les réseaux sociaux ;
- Démontrer, via 5 thématiques précises, l’importance de l’EVRAS et les bienfaits qu’elle peut avoir sur le développement psycho-affectif des jeunes ;
- Proposer au grand public et, plus spécifiquement, aux personnes en contact avec des jeunes (parents, grands-parents, accompagnant·e·s, etc.) des pistes de réflexion concernant l’EVRAS en ligne et les points d’attention à avoir.
Les supports de la campagne
La campagne « Relations, Sexualités, Identités » s’étendra du mois de septembre au mois de décembre 2024 dans l’espace public réel et virtuel via divers supports informatifs et pédagogiques. Au programme : un quiz en ligne, des fiches informatives et des actions de sensibilisation en Wallonie et à Bruxelles.
Le quizz en ligne
Ce support est accessible sur le site internet de Sofélia. Il comprend 5 questions sous forme de « Vrai » ou « Faux » et permet de décoder de manière ludique des enjeux liés à l’EVRAS à l’ère du numérique.
L’équipe de Sofélia, en collaboration avec ses Centres de Planning familial affiliés, a identifié 5 grands questionnements qui sont ressortis des récentes polémiques autour de l’EVRAS et des interrogations qu’elles posent. Chaque questionnement fait ainsi l’objet d’une question au sein du quiz. Après chaque réponse donnée par l’internaute, une courte explication sur le sujet traité est mentionnée.
Les 5 fiches informatives
Ces supports informatifs et pédagogiques produits dans le cadre de la campagne « Relations, Sexualités, Identités » décodent, de manière plus détaillée que le quiz en ligne, 5 enjeux liés à l’EVRAS à l’ère du numérique.
En format A5, ces fiches sont téléchargeables depuis le site internet de Sofélia et sont disponibles en format papier sur commande auprès de notre équipe.
Ajoutons que durant le mois de septembre 2024, ces fiches feront l’objet de publications sur les réseaux sociaux de Sofélia, Facebook et Instagram.
Ci-dessous sont reprises les 5 questions traitées par notre campagne accompagnées de quelques éléments de réponse. Pour en savoir plus sur ces différents enjeux liés à l’EVRAS à l’heure du numérique, nous vous invitons à consulter le quiz en ligne ainsi que les fiches informatives dans leur entièreté.
Le porno permet d’apprendre des choses sur la sexualité. VRAI OU FAUX ?
VRAI ! Les jeunes ont accès de plus en plus tôt à la pornographie [5]. Aujourd’hui, il est estimé qu’un enfant de 12 ans passe en moyenne 57 minutes par mois sur un site pornographique [6]. Déjà à cet âge, 1 garçon [7] sur 2 et 1 fille sur 3 se rend sur un site pornographique [8]. La majorité d’entre eux se rendent sur ces sites via leur smartphone [9].
D’un côté, les contenus pornographiques sont majoritairement, des représentations irréalistes et stéréotypées de la sexualité. D’un autre côté, la pornographie peut constituer une source d’exploration de sa propre sexualité, de ses désirs et de ses fantasmes.
Bien que la pornographie repose largement sur des stéréotypes, certains sous-genres permettent de voir des corps de toutes morphologies et une diversité d’orientations, d’identités et de pratiques sexuelles.
C’est pourquoi il est important d’aborder les thématiques de la vie relationnelle, affective et sexuelle avec les jeunes. Et ce dans le but de les accompagner au mieux à développer un esprit critique sans les stigmatiser lorsqu’elles·ils consomment ou sont confronté·e·s involontairement à des contenus pornographiques.
A cause des réseaux sociaux, il y a de plus en plus de personnes LGBTQIA+. VRAI OU FAUX ?
FAUX ! Vous avez peut-être déjà entendu autour de vous qu’il y a « trop de personnes LGBTQIA+ ». Il n’est d’ailleurs pas rare de lire que l’EVRAS voudrait soi-disant rendre les enfants transgenres, ou motiver des transitions chez les jeunes car cela serait « à la mode ». Il nous semble capital de rappeler que l’argument d’une « épidémie transgenre » est fallacieux.
La communauté LGBTQIA+ représente environ 9% de la population [10]. On peut constater une augmentation de la visibilité et de la présence de personnes LGBTQIA+ dans les médias et sur les réseaux sociaux.
On peut constater une augmentation de la visibilité et de la présence de personnes LGBTQIA+ dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont devenus un espace d’expression, de militantisme et de partage d’informations pour ces communautés. Dans les années 2010, de nombreuses personnes ont utilisé YouTube pour faire leur coming out [11]. Instagram et TikTok sont également utilisés pour faire de la pédagogie : actualités, témoignages, expériences de transitions, etc. En parallèle de cette meilleure visibilité, la haine envers les personnes LGBTQIA+ en ligne est actuellement un véritable problème de santé publique puisque presque 3 personnes LGBTQIA+ sur 4 déclarent avoir déjà personnellement été harcelées en ligne [12].
Les réseaux sociaux peuvent donc à la fois être libérateurs et indispensables pour les personnes LGBTQIA+. Ils peuvent néanmoins constituer des lieux de haine et de violences. C’est pourquoi il est important de pouvoir être à l’écoute des personnes LGBTQIA+, sans jugement, et leur offrir un espace afin qu’elles puissent être elles-mêmes.
Les intelligences artificielles génératives : une nouvelle forme de violence sexiste en ligne. VRAI OU FAUX ?
VRAI ! Les IA (intelligences artificielles) génératives permettent à n’importe qui de créer des contenus de façon autonome. Elles sont très accessibles, parfois même gratuites. Cependant, ces outils peuvent être utilisés de manière malveillante en répandant des fausses informations et de fausses images.
L’exemple des deepfakes est très parlant. Il s’agit de « la création d’images ou de vidéos réalistes, mais complètement truquées, d’une personne » grâce à l’IA. Par exemple, des photos pornographiques de la journaliste Salomé Saqué ou encore Barack Obama insultant Donald Trump, sont des contenus qui ont été créées avec une IA.
1 jeune sur 5 a déjà vu un deepfake, principalement sur les réseaux sociaux. 98% des deepfakes sont utilisés dans le cadre d’image à caractère sexuel et 99% des personnes représentées sont des femmes [13]. Le sexisme de notre société patriarcale se reflète donc aussi dans l’usage de ces technologies. Il est primordial de prendre conscience que ces violences en ligne, dont font partie les deepfakes, existent et d’accompagner les jeunes à lutter contre celles-ci.
Les jeunes s’informent sur les réseaux sociaux à propos de leur vie relationnelle, affective et sexuelle. VRAI OU FAUX ?
VRAI ! Près de 60% des 12-19 ans utilisent Instagram et TikTok pour s’informer [14]. Les nouvelles technologies de la communication donnent accès à tout moment à une infinité d’informations pour partir à la connaissance de soi : relations, valeurs, consentement, orientation sexuelle, corps, santé sexuelle, etc.
L’éducation sexuelle à travers les réseaux sociaux présente des avantages notables, notamment en termes d’accessibilité, de diversité et d’engagement.
Cependant, elle comporte aussi des risques liés à la véracité des informations, l’absence de régulation, l’influence commerciale (ex : partenariats rémunérés) et la pression sociale.
Il apparait donc comme crucial de développer des compétences en pensée critique chez les jeunes pour qu’elles·ils puissent discerner les sources fiables et naviguer prudemment dans ces espaces en ligne.
Internet est un lieu moins sexiste que la vraie vie. VRAI OU FAUX ?
FAUX ! Internet, en tant qu’extension de l’espace public, reste un lieu propice aux violences sexistes et sexuelles.
37% des hommes considèrent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société [15]. Cette hostilité masculiniste s’exprime à travers de nombreux contenus rétrogrades diffusés sur les réseaux sociaux. Favorisés par les algorithmes et peu modérés par les plateformes, ces discours misogynes, LGBTphobes et réactionnaires ne se cantonnent pas uniquement à des communautés privées en ligne. Ils se répandent auprès du grand public dans les contenus les plus populaires et les plus regardés.
l est donc urgent de désamorcer ces idéologies clivantes et réactionnaires en accompagnant les jeunes dans leur vie relationnelle, affective et sexuelle de façon épanouissante et émancipatrice pour toutes et tous. L’éducation aux médias fait partie des pistes à privilégier pour repérer et déconstruire les discours sexistes et antiféministes omniprésents sur les réseaux sociaux.
Des événements grand public en Wallonie et à Bruxelles
En parallèle du quiz en ligne, des fiches informatives et des publications sur ses réseaux sociaux, Sofélia prévoit de prendre part à plusieurs activités d’information et de sensibilisation en Wallonie et à Bruxelles à partir du mois de septembre 2024.
L’équipe de Sofélia prendra notamment part le 2 décembre 2024 à une activité d’information et de sensibilisation sur la campagne “Relations, Sexualités, Identités” avec La Ligue des familles. Les informations au sujet de ces événements seront communiquées prochainement sur notre site internet et nos réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Restez donc connecté·e·s !
Qui sommes-nous ?
Sofélia – La Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires a été fondée en 1984 par Soralia afin de créer un contrepouvoir et une représentation spécifique et laïque dans le domaine de la contraception, de la parenté responsable, de l’interruption volontaire de grossesse et des relations affectives et sexuelles égalitaires.
Sofélia coordonne et promeut les actions de 20 structures actives en Wallonie et à Bruxelles : 17 centres de planning familial, dont 9 pratiquent l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et 3 sièges. Elle a pour mission de représenter ses Centres de Planning familial auprès des pouvoirs publics. Elle est également le pouvoir organisateur de deux Centres de Planning familial dont elle prend en charge la gestion administrative et financière : le Centre de Planning familial Willy Peers à Namur et le Centre de Planning familial Soralia de Verviers. Enfin, Sofélia fait partie intégrante du réseau associatif de Solidaris Wallonie avec laquelle elle partage des valeurs communes de solidarité, d’engagement, de proximité et de respect.
Sofélia réalise diverses actions et publications : campagnes, enquêtes, brochures, évènements, portes ouvertes, etc. Elle est reconnue par le décret du 17 juillet 2003 relatif au soutien de l’action associative dans le champ de l’Éducation permanente.
Dans le cadre de sa campagne 2024, Sofélia a collaboré avec différentes structures et professionnel·le·s de première ligne. Dans un premier temps, lors de la phase de recherches, Sofélia a eu l’occasion de récolter l’expertise en éducation aux médias et en EVRAS des ASBL Média Animation et Action Médias Jeunes. Des professionnelles du Centre de Planning familial Soralia de Courcelles ont également été consultées, ainsi que l’ASBL Soralia.
Pour la création graphique de la campagne, Sofélia a eu l’occasion de travailler avec les agences de communication Steppers et Knock Knock Prod. Les illustrations de la campagne proviennent d’Eugénie (@eugenie.mesquita).
Dans un second temps, lors de la phase de la rédaction des contenus, ceux-ci ont été relus par le Centre de Planning familial Willy Peers, le Centre de Planning familial Soralia de Courcelles, la Fédération de Centres Pluralistes de Planning Familial, Média Animation, Action Médias Jeunes et Soralia.
Une initiative de Sofélia – la Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région Wallonne, de la COCOF et de P&V.
Graphisme : Knock Knock et Steppers.
Illustrations : Eugénie Mesquita
Sofélia – Place Saint-Jean, 1-2 1000 Bruxelles – Tél. 02/515.17.68 – sofelia@solidaris.be
CONTACT PRESSE : Eloïse Malcourant eloise.malcourant@solidaris.be – 02/515.17.68
Plus d’informations sur la campagne « Relations, Sexualités, Identités – Décodons l’EVRAS à l’heure du numérique »
[1] RTBF et BELGA, « Aux côtés des manifestants anti-Evras, des slogans anti avortement, anti LGBT et anti laïcité », RTBF, 17/09/2023, https://tinyurl.com/4myjhyma (consulté le 14/02/2024).
[2] BRAIBANT François et COVOLO Julien, « Vandalisme anti-EVRAS : deux écoles prises pour cible à Liège aussi », RTBF, 15/09/2023, https://tinyurl.com/4h322w2b (consulté le 14/02/2024).
[3] « Une panique morale est l’exagération d’un phénomène minoritaire présenté comme une menace ». Voir VOILLOT Elise, « Wokisme : personae non gratae », Femmes Plurielles, 22/12/2023, https://tinyurl.com/mvr2jsb8 (consulté le 14/02/2024).
[4] CARTE BLANCHE, « Généralisons enfin l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle », La Libre, 30/06/2023, https://tinyurl.com/cxmp8cwh (consulté le 14/02/2024).
[5] Brunot, N. (2020). 16. La pornographie: Cours aux professionnels de l’Éducation nationale (séance 1). Dans : R. Tremblay, N. Brunot, S. Fernandez, A. Saus & F. Xavier (Dir), Guide d’éducation à la sexualité humaine, à l’usage des professionnels: Accompagnement à la vie affective et sexuelle, un droit tout au long de la vie : enfants, adolescents, adultes, séniors, personnes en situation de handicap (pp. 229-246). Toulouse: Érès.
[6] France INFO, « Pornographie : les moins de 18 ans passent en moyenne 49 minutes par mois sur des sites classés X », Franceinfo, 25/05/2023, https://tinyurl.com/34553xcx (consulté le 14/02/2024).
[7] Nous utilisons les terminologies garçons/hommes et filles/femmes, dû aux sources citées.
[8] France INFO, « Pornographie », op. cit.
[9] Ibid.
[10] IPSOS, LGBT+ pride 2023, 2023, https://tinyurl.com/4v7nyr9k
[11] « Révélation volontaire de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. ». Définition de SOS Homophobie.
[12] FONDATION ÉMERGENCE, « Violence en ligne », https://tinyurl.com/93bmztyy
[13] GIACOMETTI Mona et al., Les deepnudes parmi les jeunes belges : les chiffres, le marché, l’impact, IEFH, Bruxelles, 2024, https://tinyurl.com/bddy8j9y (consulté le 28/02/2024).
[14] Chiffres issus de l’enquête belge #Génération2024 : https://generation2024.be/participez-3/
[15] Selon le rapport annuel 2024 du Haut Conseil à l’égalité (HCE) en France. URL : hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf (haut-conseil-egalite.gouv.fr)