Le revenge porn consiste en la divulgation publique d’un contenu sexuellement explicite sur Internet, sans le consentement de la ou des personne·s apparaissant sur le contenu[1]. Il s’agit d’une des nombreuses formes que peut revêtir le harcèlement sexiste en ligne[2]. Les plaintes, en Belgique, concernant le revenge porn, ont augmenté de 40% entre 2019 et 2020[3]. Il est donc nécessaire de lutter contre ce phénomène, d’autant plus à une époque où Internet et les réseaux sociaux voient leur utilisation s’intensifier.

Pour cela, le Centre de Planning familial Soralia de Soignies a lancé récemment un nouvel outil intitulé « Fanny, c’est moi ». Ce support, sous forme de vidéo, vise à prévenir et à lutter contre le revenge porn. Grâce à son carnet pédagogique, il peut également être utilisé comme outil d’animation au sein d’une classe d’adolescent·e·s de minimum 14 ans afin de susciter le débat et de conscientiser les mentalités sur ce phénomène.

L’outil vidéo

La vidéo retrace le parcours de Fanny, 15 ans qui tombe amoureuse de Diego. Lors de leur relation, le couple commence à pratiquer le sexting[4] et s’envoie des photos intimes. Cependant, lors de la rupture, Diego décide de divulguer auprès de ses ami·e·s de l’école les photos de Fanny, sans le consentement de celle-ci. Ces photos tournent au sein de l’école et Fanny s’isole petit à petit car elle n’ose en parler à personne et, complètement désemparée, elle fait alors une tentative suicide. L’objectif est de montrer au grand public que ces situations sont réelles et qu’il convient de considérer les jeunes victimes en danger qui peut mener jusqu’à la mort. En effet, pour réaliser cette vidéo, le Centre de Planning familial de Soignies s’est inspiré de l’histoire de Maëlle, jeune victime de revenge porn ayant mis fin à ses jours en janvier 2020.

Le rôle des témoins

La vidéo se poursuit en montrant de quelle manière cette situation dramatique aurait pu être évitée, en insistant notamment sur le rôle des témoins. En effet, le guide pédagogique accompagnant l’outil vidéo explique que « le rôle des témoins est capital car elles·ils ont le pouvoir de modifier la dynamique de harcèlement induite par l’auteur ou les auteurs. Lorsqu’il s’agit de porno-divulgation[5], la fonction des témoins est encore accentuée car leur position peut modifier fortement les conséquences de la diffusion des images intimes. ». Dans le cas de Fanny, si les témoins avaient refusé de partager les images, cela aurait pu avoir un impact direct sur sa souffrance et son isolement. L’objectif de cet outil pédagogique est de montrer que nous avons tou·te·s un rôle à jouer pour changer les mentalités afin que ce type de drame n’arrive plus jamais !

Ce que dit la loi

Depuis le 1er juillet 2020, une loi spécifique encadrant le revenge porn est entrée en vigueur. Cette loi sanctionne la diffusion non consensuelle d’images à caractère sexuelle. Cette infraction peut être punie d’un emprisonnement allant de six mois à cinq ans. Les peines seront plus lourdes s’il existe une intention méchante ou un but lucratif derrière la diffusion de ces images.

La diffusion non consentie de contenus intimes est donc sérieusement punie par le code pénal belge. Les auteurs·trices et tou·te·s celles·ceux qui participent à cette diffusion méconnaissent souvent les textes de loi sur le sujet et n’ont pas conscience des risques judiciaires qu’elles·ils encourent.

« Fanny, c’est moi » a également pour but d’informer les adolescent·e·s de ces notions juridiques afin d’arrêter la banalisation de la détention et la diffusion de tels contenus.

Le Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement (C.R.I.H)

L’outil vidéo « Fanny, c’est moi » et le dossier pédagogique l’accompagnant ont été réalisés par le Centre de Planning familial Soralia de Soignies en collaboration avec le Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement (C.R.I.H). Il s’agit du premier centre pluridisciplinaire spécialisé dans les questions de harcèlement en Belgique, et il couvre actuellement une demi-province soit un territoire de plus de 700.000 habitant·e·s dont environ 130.000 enfants et adolescent·e·s.

Les quatre missions du C.R.I.H sont :

  • L’intervention, qui consiste à prendre en charge toute situation de harcèlement dans laquelle au moins une mineur·e ou étudiant·e est impliqué·e. La priorité est toujours de faire cesser les dynamiques de harcèlement et de permettre à la cible de reprendre une scolarité et une vie “ normale ”.
  • Le soutien. Le service dispose d’une équipe pluridisciplinaire qui assure en un lieu unique un suivi psychothérapeutique, un conseil juridique et un accompagnement psycho-social.
  • L’accompagnement des établissements scolaires. Le CRIH accompagne pendant une année scolaire entière plusieurs écoles désireuses de se doter d’une “ Cellule Bien-Etre ”. Ce type de cellule est composée d’enseignante·s ou d’éducatrices·teurs de l’établissement qui auront, à terme, pour mission de détecter, diagnostiquer, aider et orienter les élèves en difficulté relationnelle (harcèlement, conflit majeur, etc.).
  • La formation des professionnel·le·s qui travaillent avec des enfants et/ou adolescent·e·s afin qu’elles·ils puissent acquérir les compétences de base pour soutenir les jeunes impacté·e·s par le harcèlement.

Contacts

Centre de Planning familial Soralia de Soignies :

Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement (C.R.I.H) :

[1] SOFÉLIA, Le harcèlement sexiste virtuel, c’est réel ! Guide pratique contre le harcèlement sexiste en ligne, Bruxelles 2020, p.25.

[2] Pour plus d’information sur cette thématique, voir notre campagne à ce sujet : https://www.sofelia.be/nos-campagnes/le-harcelement-sexiste-virtuel-cest-reel-2020/

[3] DE HALLEUX Françoise, « Explosion des plaintes pour « revenge porn », une hausse de 40% en un an: voici les régions les plus touchées par le phénomène », Sudinfo, 12 octobre 2021, https://www.sudinfo.be/id421628/article/2021-10-12/explosion-des-plaintes-pour-revenge-porn-une-hausse-de-40-en-un-voici-les (Consulté le 14 novembre 2022-.

[4] « Il s’agit d’envoyer des photographies, vidéos ou messages à caractère intime voir sexuel, au sein d’un couple formé ou en devenir, afin de se séduire. », voir CENTRE DE PLANNING FAMILIAL DE SOIGNIES, « Fanny, c’est moi » Carnet pédagogique, septembre 2022, https://drive.google.com/file/d/1LkFyjFqHZFckXWu3KONNQsMvDGlbQfrS/view.

[5] Équivalent, en français, de l’expression revenge porn.

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Pour davantage d’informations sur les publics LGBTQIA+, consultez notre dossier thématique.

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