Le harcèlement dans l’espace public est une problématique sociétale qui nous concerne toutes et tous. Ce constat a notamment été relaté dans un article de sudinfo.be le 13 avril dernier. Mais, qu’entend-on par harcèlement ? Quelles sont les différences entre la drague et le harcèlement ? En tant que victime, comment réagir face au harcèlement ? On fait le point.
Qu’est-ce que le harcèlement?
Le harcèlement émerge d’une situation où le/la destinataire exprime un refus, peu importe la façon dont il est formulé. Mais, ce refus n’est pas entendu et reconnu par l’autre personne qui insiste. Une relation de pouvoir s’installe entre les deux personnes qui ne communiquent plus d’égal à égal. Le harcèlement peut se manifester dans de multiples lieux publics comme la rue, les salles de sport, les transports en commun ou encore le cinéma. Il peut prendre plusieurs formes comme des sifflements, des grognements et bruits en tous genres, des commentaires déplacés, des insultes, des contacts physiques, des attouchements sexuels, des frottements, de l’exhibitionnisme, etc.
Le harcèlement, ce n’est pas de la drague
La drague est une forme de séduction : une personne s’approche d’une autre personne en vue de la charmer. Cela peut aboutir à un échange sympathique si le/la destinataire est réceptive et intéressée.
Que dit la loi?
En 2014, la Belgique se dote d’une loi qui vise à lutter contre le sexisme dans l’espace public. Désormais, « toute personne qui, par son comportement, exprime un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son appartenance sexuelle, ou [la considère] comme inférieure ou comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle [entraînant] une atteinte grave à sa dignité » (1) risque une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et/ou une amende de 50 à 1000 euros. Pour qu’il y ait sanction, soit l’auteur est pris en flagrant délit par la police, soit la victime porte plainte.
Je suis victime de harcèlement, comment réagir?
Ci-dessous, vous trouverez quelques conseils repris de notre brochure « Le petit guide illustré du respect dans la rue (ou ailleurs) ».
- S’autoriser le droit de réagir et poser ses limites
Si vous avez l’impression de vivre une situation de harcèlement, autorisez-vous le droit de réagir. Le harcèlement, c’est avant tout, une intrusion dans sa sphère personnelle, sa zone de confort. Dans certains cas, montrer du désintérêt suffit. Parfois, cela ne suffit pas et l’intrusion ne fait qu’empirer. Si vous estimez que vos limites sont atteintes et que vous ressentez le besoin et l’envie de les faire respecter, donnez-vous le droit d’agir. Faites-lui savoir que son comportement vous dérange.
- Les stratégies
Chacun-e a sa propre manière de réagir face à une situation de harcèlement. Puis, tout dépend du contexte, du lieu, de l’humeur du jour et de la personne que vous avez en face de vous. Voici quelques stratégies (vous pouvez vous en inspirer) :
1° Énoncer le problème, l’effet et la solution
Par exemple : « Ta main est sur ma cuisse. Ça me dérange. Retire-la ».
2° Adopter un langage corporel calme et sans confusion
Parler fort avec une voix claire et assurée afin que le message atteigne son but : mettre fin au harcèlement.
3° Ne pas (trop) discuter
Si vous êtes face à une situation de harcèlement, votre priorité est de l’arrêter. Essayer de convaincre l’autre, c’est aussi s’exposer au risque d’un débat interminable. Et donc, un risque de retour à la case départ. Un simple refus ne suffit souvent pas. Certain-e-s pensent qu’en amour/sexe, il faut s’accrocher et persister. Du coup, pour refuser, il faut parfois insister aussi…
4° La stratégie du disque rayé
Si vous n’êtes pas intéressé-e, montrez-le ! Vous pouvez énoncer votre refus de manière identique et répétée jusqu’à ce que l’autre se lasse et abandonne.
5° Chercher de l’aide
Demandez de l’aide et attirez l’attention sur vous en prenant les passants à partie ou en criant « au feu ! ».
6° Se fâcher
N’oubliez pas que vous avez le droit de vous défendre et même de vous fâcher !
- Et après?
Après avoir réagi, ne culpabilisez pas. Vous pouvez aussi chercher du réconfort. Relater votre histoire à votre entourage est aussi une manière de combattre le harcèlement. Vous pouvez aussi en parler sur Facebook, Twitter, Hollaback, sur un blog ou encore un Tumblr.
Si vous êtes témoin de harcèlement dans l’espace public, vous pouvez aussi réagir. Pour découvrir les attitudes à adopter en tant que témoin , vous pouvez consulter notre brochure « Le petit guide illustré du respect dans la rue ou ailleurs ».
Une brochure sur les réactions à adopter face au harcèlement
Dès 2013, l’illustrateur Thomas Mathieu (2) décide de sensibiliser le grand public au harcèlement dans l’espace public en utilisant un médium attractif : la BD. L’artiste s’inspire de faits réels en y ajoutant une touche d’humour. Les agresseurs sont désormais assignés à la figure du crocodile. En 2014, notre association, la Sofélia-Soralia, découvre ce projet et entame une collaboration avec ce dessinateur engagé. Depuis lors, le « Petit Guide illustré du respect dans la rue (ou ailleurs) » est l’une de nos brochures phares (3). Cet outil propose des pistes d’action concrètes aux victimes ainsi qu’aux témoins de harcèlement. La prévention, c’est tous les jours, à toute heure et pour tout le monde !
(1) Libération, « En Belgique, une loi imitée aux effets limités », mis en ligne le 06/12/2017
(2) Le projet crocodiles, Thomas Mathieu et sa collaboratrice, Juliette Boutant
(3) Télécharger et/ou commander « Le petit guide illustré du respect dans la rue (ou ailleurs) »