« Les personnes trans ont changé de sexe », « les lesbiennes n’ont pas besoin de se protéger contre les IST » … Vous avez sans doute déjà entendu tout et son contraire concernant la santé des personnes LGBTQIA+. Mais s’agit-il de mythes ou de réalités ?
Vrai ou faux ?
- Les FSF [1] (Femmes ayant des relations Sexuelles avec des Femmes) ne sont pas à risque d’IST
FAUX ! Les FSF sont plus à risque, on estime qu’elles ont 3 fois plus d’IST que les hétéros [2].
En effet, la majorité des représentations dans les médias concerne les couples hétéros, ce qui marginalise les personnes LGBTQIA+. Il existe une véritable invisibilisation des FSF, ce qui englobe un manque de connaissances relatives à la santé, les obstacles dans l’accès à des soins de qualité et l’absence de prévention. Ce manque de prise en considération contribue à véhiculer l’image d’une sexualité lesbienne sans risques tant au niveau du grand public qu’au niveau des soignant·e·s.
Les FSF ont ainsi moins recours aux soins notamment à cause de ce manque de prévention mais également à cause des discriminations, méconnaissances et violences qu’elles peuvent subir dans le domaine médical. Il est essentiel de visibiliser la diversité des pratiques sexuelles et d’éviter les biais hétéronormés : une sexualité sans pénétration est une sexualité [3] !
- Les HSH [4] (Homme ayant des relations sexuelles avec des hommes) ont une moins bonne santé mentale
VRAI ! Les HSH ont globalement une moins bonne santé mentale (que les hétéros) en raison de différents facteurs comme par exemple : le regard des autres, le rejet, certains jugements externes ou discriminations, des insultes… Toutes ces formes de violences fragilisent l’estime de soi et la confiance en soi. Les HSH ont également une consommation plus élevée de substances psychoactives comme le tabac, l’alcool ou encore le cannabis.
Notons qu’en raison du contexte sanitaire lié à la crise du covid-19, ces violences ont augmenté en raison du confinement qui a pu mener soit à l’isolement, soit à un rejet plus fort de la sphère familiale. Les différents lieux festifs étaient également fermés alors que ces espaces peuvent être importants pour l’acceptation de soi.
- Il est normal d’opérer les personnes intersexes dès l’enfance
FAUX ! Les personnes intersexes sont des personnes dont on ne peut pas distinguer si les organes sexuels sont masculins ou féminins. Cet état biologique peut être apparent dès la naissance ou peut se détecter au fur et à mesure de la vie, notamment à l’adolescence. L’intersexuation peut donc se manifester de différentes manières : pilosité importante chez une adolescente, apparition d’une poitrine chez un adolescent ou encore au niveau des caractéristiques sexuelles primaires.
Malheureusement, lorsque cet état est visible dès l’enfance, il existe une tendance du corps médical à opérer les enfants intersexes afin de « choisir » un sexe définitif. Ces opérations constituent selon l’ONU des formes de mutilations et de tortures en raison notamment d’une absence totale de consentement de la part des enfants qui peuvent ignorer pendant des années avoir subi une opération ou encore en raison du manque d’informations sur les étapes de ce processus.
Il est essentiel que de telles interventions soient réalisées à un âge où on peut poser un consentement éclairé et être informé·e de manière la plus complète possible.
- Les personnes transgenre ont changé de sexe
FAUX ! L’identité de genre ne concerne pas la dimension biologique mais bien la dimension psychologique. Il s’agit du genre auquel une personne va s’identifier indépendamment de son sexe biologique.
Aujourd’hui et depuis le 1er janvier 2018, les personnes peuvent modifier leur prénom et/ou marqueur de genre sur leur carte d’identité sur base de qui elles sont. Mais, toutes les personnes trans ne souhaitent pas faire de modifications biologiques. Il est possible d’entreprendre un traitement hormonal féminisant ou masculinisant ainsi qu’une chirurgie de réattribution sexuelle mais il n’est pas nécessaire d’entamer cette transition biologique pour se considérer comme femme ou homme. D’ailleurs, certaines personnes trans sont non-binaires et ne se reconnaissent pas dans cette binarité de genre.
- Il existe une méconnaissance des spécificités LGBTQIA+ de la part du monde médical
VRAI ! De nombreuses·eux professionnel·le·s de santé ne sont pas formé·e·s à l’inclusivité dans le cadre de leurs études. Au-delà du manque de formation, beaucoup de soignant·e·s n’envisagent pas que leurs patient·e·s ne soient pas hétéros et ont une approche médicale hétérocentrée. Enfin, il peut exister comme dans les autres domaines de la société, une certaine incompréhension, des discriminations, un certain rejet voire même des refus de soins de la part de soignant·e·s. Par exemple : ne pas réaliser de frottis chez une femme lesbienne car on part du principe qu’elle n’en a pas besoin, c’est une discrimination !
Accueillir les patient·e·s de manière inclusive peut pourtant passer par des choses simples : adapter le langage en évitant l’hétéronormativité, se signaler en tant que professionnel·le LGBTQIA+ friendly, éviter les jugements ou encore garder à l’esprit que les publics LGBTQIA+ sont tout à fait concernés par des problématiques de santé assimilées, à tort, à l’hétérosexualité.
Pour aller plus loin
Sur la santé des FSF : https://gotogyneco.be
Sur la santé des HSH : https://www.exaequo.be/fr/
Sur l’intersexuation : https://oii-europe.blogspot.com/ , intersexbelgium.be
Sur les transidentités : https://www.genrespluriels.be/Brochure-d-information-Trans-de-GPs
[1] Le terme FSF permet d’englober plusieurs sexualités et relations affectives autre que l’homosexualité, comme la bisexualité ou la pansexualité par exemple.
[2] Le site internet « Go to gyneco » : https://gotogyneco.be/.
[3] Pour plus d’informations, consultez la page 43 de notre dossier pédagogique « Même pas vrai » qui déconstruit les idées reçues sur la sexualité : http://memepasvrai.be/wp-content/themes/gbl-toolbox/pdf/Dossier-pedagogique.pdf.
[4] Le terme HSH permet d’englober plusieurs sexualités et relations affectives autre que l’homosexualité, comme la bisexualité ou la pansexualité par exemple.