L’inceste : des informations complètes et pratiques pour mieux le comprendre, l’appréhender et y faire face

Cette page a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur l’inceste, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes d’inceste.

L’inceste

Depuis la réforme du Code Pénal, entrée en vigueur le 1er juin 2022, l’inceste est devenu une infraction distincte à part entière. On entend par inceste les actes à caractère sexuel commis au préjudice d’un·e mineur·e par un parent ou allié·e ascendant·e en ligne directe, par un parent ou allié·e en ligne collatérale jusqu’au troisième degré, ou toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille des personnes précitées (art. 417/18 du Code Pénal).

Cela concerne donc des actes réalisés, par exemple, par :

  • 1er degré: parents, beaux-parents
  • 2ème degré: grands-parents, frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs
  • 3ème degré: oncles et tantes, cousins et cousines, arrière-grands-parents

Dans les cas où l’acte sexuel incestueux a commencé à un jeune âge, mais continue après la majorité sexuelle, le consentement n’est pas considéré valable. De fait, dans le cadre de l’inceste (touchant donc des victimes de moins de 18 ans), le consentement ne pourra jamais être considéré comme donné, même si la personne a 16 ans ou plus.

Les actes à caractère sexuel punis par cette nouvelle infraction d’inceste concerne un champ large de violences :

  • Le viol
  • L’atteinte à l’intégrité sexuelle
  • Le voyeurisme
  • La diffusion non consentie de contenus à caractère sexuel
  • La diffusion non consentie avec une intention méchante ou dans un but lucratif de contenus à caractère sexuel

Il est important de distinguer « l’inceste » et « l’incestuel ». Alors que l’inceste implique des gestes et des actes, l’incestuel désigne des attitudes, qui sont moins directes et plus insidieuses. Cela peut prendre plusieurs formes, comme des regards, des commentaires (par exemple sur la façon de s’habiller, sur un décolleté, etc.) ou encore des attouchements non sexuels. Mais toutes ont le point commun de ne pas respecter les notions d’intimité et de limite. Par exemple, s’il n’y a pas de porte à la chambre, pas de verrou sur la porte de la salle de bain et que quelqu’un·e peut rentrer à tout moment, si un parent regarde un film pornographique en présence de son enfant, etc.

En dehors des violences intrafamiliales, des agressions sexuelles et viols peuvent également se dérouler dans d’autres contextes comme dans un cadre scolaire (entre mineur·e·s, entre mineur·e et professeur·e), dans un club sportif, au sein de l’Église, etc. Bien que cela ne rentre pas dans la définition légale de l’inceste, ces actes n’en sont pas moins condamnables. Et, comme pour l’inceste, dans ce genre de cas le consentement n’est pas valable si la victime a moins de 18 ans.

Les actes à caractère sexuel intrafamiliaux non-consentis

Cette infraction comprend les mêmes comportements que ceux réprimés pour l’inceste (viol, atteinte à l’intégrité sexuelle, etc.) mais concerne ici les victimes adultes. L’auteur peut, quant à lui, être majeur ou mineur.

Selon le Code Pénal (art. 417/19), l’auteur d’actes à caractère sexuel intrafamiliaux non-consentis peut être :

  • Un parent ou alliée ascendant·e ou descendant·e en ligne directe
  • Un parent ou alliée en ligne collatérale jusqu’au troisième degré (frère, sœur, oncle, tante, neveux, nièce)
  • Un partenaire : « la personne avec laquelle la victime est mariée ou entretient une relation affective et physique intime durable, ainsi que la personne avec laquelle la victime a été mariée ou a entretenu une relation affective et physique intime durable si les faits incriminés ont un lien avec ce mariage dissous ou cette relation terminée ». La notion de partenaire est donc ici large et ne nécessite pas forcément que les personnes soient mariées ou en cohabitation puisqu’il suffit d’une relation affective et physique intime.
  • Toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille

Au contraire de l’inceste, l’absence de consentement devra ici être prouvée.

Qui est concerné·e ?

Une étude française de 2021 estime à 10% la proportion de la population ayant été victime d’inceste. Cela revient à une estimation de 2 à 3 enfants par classe. À ce jour, la Belgique n’a pas de statistiques officielles sur l’inceste.

Ce chiffre est cependant probablement sous-estimé, tant l’inceste est un sujet tabou et tu. L’une des grandes difficultés des situations d’inceste est qu’il s’agit souvent de violences à répétition, qui peuvent durer plusieurs années et qui maintiennent l’enfant dans des relations d’emprise. L’enfant peut avoir peur de parler car l’adulte le manipule, le menace, lui fait croire qu’il s’agit d’un jeu secret entre eux, que s’il parle il risque de détruire la famille, etc.

Le rôle du reste de la famille est aussi très important. Dans de nombreux cas, certains membres de la famille sont conscient·e·s de ce qu’il se passe, mais n’osent pas en parler ou encore n’osent pas eux-mêmes se l’avouer. Il est pourtant nécessaire que l’entourage réagisse de façon adéquate, en écoutant et accompagnant la victime afin de limiter les très lourdes conséquences, aussi bien sur le développement de l’enfant que sur l’ensemble de la famille, que peut avoir l’inceste.

Quelles conséquences sur la santé ?

Les conséquences de tels actes traumatiques peuvent être nombreuses et survenir tout au long de la vie d’une victime. Dans un premier temps, la santé mentale peut être fortement impactée : dépression, pensées suicidaires, sentiment de culpabilité, mauvaise estime de soi, mauvaise image de son corps, irritabilité, difficultés à poser ses limites et dire « non », etc. Les victimes d’inceste peuvent également souffrir de douleurs chroniques régulières. Elles sont également davantage sujettes à des comportements à risque ou des addictions (cigarettes, alcool, drogue).

Le fait d’avoir subi de l’inceste a de multiples conséquences sur le comportement et la santé (mentale et/ou physique) des victimes, mais aussi sur l’ensemble des aspects de leur vie quotidienne, notamment sur leur vie relationnelle, affective et sexuelle.

Vers qui me tourner en cas d’inceste ?

L’inceste est un sujet encore tabou dans notre société, il peut déjà sembler très difficile d’en parler. Il est important de s’entourer de professionnel·le·s formé·e·s à l’inceste si l’on souhaite entreprendre une quelconque démarche légale.

SOS Inceste propose un accueil et une écoute téléphonique, un accompagnement dans les démarches qui seraient demandées par la victime, mais également des groupes de parole et d’art-thérapie pour les personnes concernées.

Inceste Moi Aussi recueille (anonymement) les témoignages de victimes dans le but de mettre fin au tabou et permettre aux victimes d’en parler mais aussi d’être entendues.

L’ASBL Garance propose les ateliers Enfants CAPables, à destination des parents dans le but de les informer sur les violences envers les enfants et leur cadre légal.

Pour les parents et enfants victimes d’inceste, vous pouvez vous adresser auprès du Service de l’Aide à la Jeunesse le plus proche de chez vous ou auprès du Service de la Protection de la Jeunesse le plus proche de chez vous.

De nombreux autres services se trouvent sur notre page Vers qui me tourner en cas de violences sexuelles ?.

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