Les mutilations génitales féminines : des informations complètes et pratiques pour mieux les comprendre, les appréhender et y faire face

Qu’est-ce que les mutilations génitales féminines (MGF) ? Qu’entend-on par excision ?

Cette page a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur les différents types mutilations génitales féminines, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes de mutilations génitales féminines.

Les mutilations génitales féminines (MGF) constituent une violation de plusieurs droits fondamentaux des filles et des femmes :

  • ​Le droit à la vie ;
  • Le droit de ne pas être soumis à des tortures ;
  • Le droit à l’intégrité physique ;
  • Le droit de ne pas subir des traitements cruels, inhumains et dégradants ;
  • Le droit à la santé ;
  • Le droit à la non-discrimination.

Elles reflètent une profonde inégalité entre les sexes. L’Organisation Mondiale de la Santé les définit comme étant « toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales. ».

En d’autres termes, ces interventions endommagent et blessent intentionnellement les organes sexuels externes de la femme pour des raisons non-médicales. La forme la plus connue de mutilation génitale féminine est l’excision, mais ce n’est que l’un des 4 types de MGF classées par l’OMS​ :

  • ​Le type 1 ou clitoridectomie : ablation partielle ou totale de la partie externe du clitoris et/ou de son capuchon ;
  • Le type 2 ou excision : ablation partielle ou totale de la partie externe du clitoris et des lèvres intérieures, avec ou sans excision des lèvres extérieures ;
  • Le type 3 ou infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les lèvres intérieures, et parfois extérieures, avec ou sans ablation du clitoris ;
  • Le type 4 – non classées : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux pratiquées à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

Qui est concerné·e ?

Selon l’Unicef, dans le monde, environ 200 millions de filles et de femmes ont subi à un moment de leur vie une forme de mutilation génitale. Cette pratique existe dans 33 pays, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie (Indonésie). Quelques pays d’Amérique du Sud (le Panama, la Colombie et le Pérou) connaissent aussi la pratique des MGF. La moitié des victimes se concentrent en Indonésie, en Égypte et en Éthiopie.

L’excision (type 2) est principalement pratiquée en Afrique de l’Ouest. L’infibulation (type 3) est pratiquée dans la Corne de l’Afrique (Érythrée, Djibouti, Éthiopie, Somalie), en Égypte, au Soudan et dans le sud de la péninsule arabique. En Égypte, au Mali, au Nigéria et au Sénégal, on retrouve la pratique de l’excision et celle de l’infibulation.

Il est cependant inexact de penser que le phénomène des MGF ne concerne pas l’Europe. Les familles qui vivent en Europe peuvent donc soit faire appel à un·e exciseur·euse local·e, soit profiter d’un retour au pays lors des vacances. La problématique des MGF est donc aussi présente en Belgique.

Un rapport de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes estime que plus de 23.000 filles et femmes sont déjà probablement excisées et que plus de 12.000 sont à risque de l’être en Belgique. La Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire sont les cinq pays les plus représentés au sein de la population concernée en Belgique.

Quel âge ont les victimes d’excision ?

L’âge auquel l’excision est pratiquée varie selon le pays et l’ethnie d’origine : avant 1 an, pendant l’enfance, en vue du mariage, etc. Une femme peut être excisée plusieurs fois à différents degrés et à tout âge. Toutefois, dans la plupart des cas, les MGF sont réalisées sur des filles de 0 à 15 ans, indique l’UNFPA. Étant donné que les MGF sont majoritairement pratiquées sur des filles mineures, elles constituent une violation des droits de l’enfant.

À l’origine, les MGF étaient pratiquées à la puberté, en guise de rite initiatique lié au passage à l’âge adulte. Désormais, on constate un abaissement de l’âge de l’excision. Cela signifie qu’il ne s’agit plus d’un rite initiatique lié au passage à l’âge adulte mais bien d’un rite identitaire pratiqué dans le but d’être accepté par la société.

La pression sociale qui entoure la pratique des MGF est importante. La jeune fille/femme non-excisée sera considérée par son entourage comme impure. Toute personne non-excisée peut se retrouver confrontée au harcèlement, à la discrimination, à l’exclusion. En respectant les traditions, les familles souhaitent protéger leurs filles (et le reste de la famille) de la honte, de l’isolement et de l’exclusion sociale.

Qui pratique l’excision ?

La personne qui exécute l’excision varie selon le pays et l’ethnie d’origine. Généralement, ce sont les femmes issues de la famille proche de la fille qui se chargent d’organiser les MGF. L’intervention elle-même est bien souvent pratiquée par des exciseuses traditionnelles qui tiennent généralement un rôle central dans les communautés. Pour ces exciseuses, les MGF peuvent constituer une source de revenus et de reconnaissance sociale.

En cas de pratique de MGF, généralement, aucune explication n’est donnée à la fillette ou à l’adolescente sur ce qu’elle va endurer. Aucune préparation n’est permise. Dans la plupart des cas, l’opération est effectuée sans anesthésie. Des outils tranchants comme un couteau, une lame de rasoir, un morceau de verre sont utilisés pour effectuer l’excision. Pour une infibulation, la plaie sera recousue à vif avec du gros fil non-stérile (ex. : en Somalie, on utilise des épines d’acacia pour recoudre la plaie) ou avec tout autre matériel collant.

Dans certains pays, notamment en Égypte, au Soudan, ou encore au Kenya, la pratique des MGF a été médicalisée. Les excisions sont pratiquées par des professionnel·le·s de la santé (médecins, sages-femmes, infirmiers-ères), parfois en milieu hospitalier. Selon l’UNFPA, on estime à 20% la proportion des MGF pratiquées par des professionnel·le·s de la santé, qui ont recours aux anesthésiques et aux ciseaux chirurgicaux. Mais, une MGF médicalisée n’épargne pas la personne de risques immédiats sur sa santé physique et psychologique et ne réduit pas les risques sur sa santé à long terme. De plus, la médicalisation renforce la pratique en lui accordant une certaine légitimité en tant que dispositif de santé. Là est le danger.

Quelles conséquences sur la santé ?

Les mutilations génitales féminines ne présentent aucun avantage pour les personnes qui en sont victimes. Les conséquences sur leur santé peuvent être nombreuses et très graves, aussi bien sur le plan physique, psychologique que sexuel.

Pour pratiquer les MGF, les exciseuses traditionnelles utilisent divers outils tranchants, comme des lames de rasoir ou encore des couteaux et il n’y a généralement pas d’anesthésie. Sur le plan physique, la première conséquence immédiate est une douleur si forte qu’elle peut engendrer une perte de connaissance.

D’autres complications physiques immédiates peuvent survenir :

  • ​Une hémorragie, autrement dit une perte de sang excessive ;
  • Une anémie sévère due à la perte de sang entraînant une fatigue extrême ;
  • Des difficultés pour uriner ;
  • Des risques d’infections ;
  • Tout cela pouvant entraîner la mort.

Les MGF peuvent aussi être la cause d’autres complications à long terme :

  • ​La nécessité d’une intervention chirurgicale pour réparer les séquelles (kystes, abcès, cicatrices douloureuses,…) ;
  • Des problèmes urinaires et menstruels ;
  • Des douleurs lors des rapports sexuels et une mauvaise qualité de la vie sexuelle ;
  • Des douleurs chroniques ;
  • Des infections vaginales et urinaires à répétition.

Par exemple, l’infibulation rend tout rapport sexuel impossible. En cas de rapport sexuel, la cicatrice doit donc être incisée. Dans le meilleur des cas, cette « désinfibulation » est réalisée à l’hôpital. Dans d’autres cas, elle se fait à partir du moment où la victime est mariée. Après chaque accouchement, l’orifice vaginal est généralement recousu (c’est ce qu’on appelle la ré-infibulation).

Subir une MGF a également de lourdes conséquences au niveau psychologique, comme :

  • ​La stupeur, la sidération, l’effroi, l’horreur ;
  • Le sentiment de trahison, avec une rupture de la confiance envers la personne, parfois proche, qui a réalisé la mutilation ;
  • L’anxiété ;
  • La dépression ;
  • Le repli sur soi ;
  • La perte d’estime de soi ;
  • Le stress post-traumatique ;
  • L’impact sur l’image de soi.

Quelles solutions chirurgicales pour les femmes excisées vivant en Belgique ?

La désinfibulation

En Belgique, il existe la « désinfibulation chirurgicale » qui vise à restaurer l’ouverture vaginale. En d’autres termes, il s’agit de la séparation de manière chirurgicale et sous anesthésie des lèvres extérieurs ou lèvres intérieures qui ont été soudées lors de l’excision ou infibulation.

Cette opération chirurgicale est remboursée par l’INAMI.

La désinfibulation permettra alors l’écoulement de l’urine et des menstruations, de manière fluide et sans obstacle. Mais elle permet également à améliorer la vie sexuelle des femmes car les rapports sexuels sont plus faciles. Il arrive également que l’on découvre un clitoris intact lors de la désinfibulation. La reconstruction du clitoris ne doit donc pas être proposée en première intention chez les femmes infibulées.

La reconstruction du clitoris

L’excision touche la partie visible du clitoris mais pas sa partie interne. Cette partie mesure jusqu’à 8 centimètres. La reconstruction du clitoris permet de construire un néo-gland clitoridien en utilisant la partie interne du clitoris qui n’a pas été touchée lors de l’excision. L’intervention peut ne pas être possible si l’excision est très profonde et que le moignon du clitoris est trop court pour être extériorisé.

Le centre CeMAVIE de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles et l’unité Vrouwenkliniek de l’UZGent sont les deux centres belges agréés pour la reconstruction du clitoris. Ces deux services proposent un accompagnement multidisciplinaire psycho-sexo-médical. La reconstruction du clitoris fait partie d’un processus thérapeutique large avec pour objectif qu’à la fin de ce processus, la victime puisse reprendre le contrôle de son corps et de sa sexualité. La grande partie des femmes qui demandent l’intervention exprime le souhait d’être entières, de décider pour elles-mêmes, de retrouver leur intégrité physique et ce qu’on leur a volé. Certaines femmes ne passent pas par la chirurgie, car parfois la reconstruction psychique suite au travail thérapeutique est suffisante.

Vers qui me tourner ?

GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles féminines) – Service de guidance des personnes concernées par les MGF (femmes, enfants, famille, hommes) vers les services appropriés (services de santé, aide juridique,…). Le GAMS propose des consultations psychologiques individuelles et des ateliers communautaires. L’ASBL organise des activités de sensibilisations, des séances d’information et de formations des professionnel-le-s. Le GAMS mène aussi un plaidoyer politique. Les coordonnées des antennes et permanences en Belgique se trouve ici.

D’autres ressources et services d’aide se trouvent sur notre article Vers qui me tourner en cas de violences sexuelles ?.

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