L’exploitation sexuelle : des informations complètes et pratiques pour mieux la comprendre, l’appréhender et y faire face

L’exploitation sexuelle revêt différentes formes. De quoi s’agit-il exactement ? Que faire lorsque l’on est victime d’exploitation sexuelle ?

Cette page a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur les différents types d’exploitation sexuelle, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes d’exploitation sexuelle.

​L’ONG Plan International définit l’exploitation sexuelle comme une forme d’abus sexuel dans laquelle une personne est contrainte, forcée ou manipulée à des actes sexuels contre sa volonté. Cela peut inclure la prostitution forcée, la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, la pornographie enfantine, le tourisme sexuel impliquant des mineur·e·s, le viol, les mariages forcés, et d’autres formes d’abus sexuels.

La traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle

Le Protocole des Nations Unies, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, définit cette dernière comme étant : « Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours, ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité, ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation ». La Belgique a ratifié ce Protocole.

La traite des êtres humains constitue, au regard du droit international relatif aux droits humains et du droit international pénal, une atteinte grave aux droits humains. Cette définition élaborée par le Protocole des Nations Unies met en évidence trois éléments essentiels devant être présents pour constituer la traite des êtres humains :

• L’acte: recrutement, transport, hébergement, accueil
• Le moyen utilisé pour accomplir cet acte: menace, paiement, etc.
• Le but de l’acte et du moyen employé (en l’occurrence, l’exploitation).

Bien que tout le monde peut être exploité pour diverses raisons, la traite est souvent un crime lié au genre et à l’âge. 96% de victimes de l’exploitation sexuelle sont des femmes et des filles selon un rapport de la Commission Européenne.

Quelles conséquences sur la santé ?

Les symptômes physiques les plus courants sont les douleurs physiques suite à de la violence, mais également les infections sexuellement transmissibles. Il apparaît également que les souffrances psychologiques (dépression, anxiété, pensées suicidaires, etc.) persistent plus longtemps que la plupart des problèmes de santé physique.

L’exploitation sexuelle des enfants et adolescent·e·s

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s est une atteinte directe à leurs droits et à leur dignité. Le premier congrès mondial de Stockholm en 1996 sur l’exploitation sexuelle des jeunes, suivi de celui de Yokohama en 2001 et de Rio de Janeiro en 2008, ont aidé à faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène qui s’articule autour de trois axes principaux liés entre eux : l’abus sexuel, la violence sexuelle et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales.

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s à des fins commerciales vise le paiement en espèce ou en nature en échange de rapports sexuels. Elle peut prendre plusieurs formes​ :

• La prostitution infantile, qui est le fait d’utiliser un enfant à des fins d’activités sexuelles contre une rémunération ou toute autre forme d’avantage ;
• La traite des enfants et adolescent·e·s, qui représente le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’enfants par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte ;
• La pornographie mettant en scène des enfants (pédopornographie) qui désigne toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un jeune s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant.

Quelles conséquences sur la santé ?

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s ​peut avoir des conséquences graves et irréversibles menaçant le développement physique, psychologique et social des enfants, et même leur vie. Les conséquences de la violence et de l’exploitation sexuelle se poursuivent jusqu’à l’âge adulte.

Le danger le plus immédiat auquel sont confrontées les victimes est la violence physique provenant de leur·s agresseur·s et/ou trafiquant·s. Tout comme pour les adultes, les enfants sont également vulnérables aux maladies sexuellement transmissibles.

Les répercussions sur le plan psychologique sont plus difficiles à évaluer mais n’en sont pas moins douloureuses pour les enfants victimes. Les sentiments de honte, de culpabilité et de manque de respect pour eux-mêmes apparaissent chez un nombre important d’enfants.

Enfin, l’exploitation sexuelle perturbe la scolarité des filles et entrave leur accès à l’éducation. Elles peuvent être contraintes d’abandonner l’école en raison de la violence et de la manipulation qu’elles subissent. Cela a des conséquences à long terme sur leurs opportunités d’apprentissage, leurs perspectives d’emploi et leur autonomie financière.

L’exploitation de mineur·e·s à des fins de prostitution

Cette forme de violence sexuelle consiste à utiliser un·e enfant à des fins d’activités sexuelles, en offrant ou en promettant (à l’enfant ou à une personne tierce) de l’argent ou toute autre forme de rémunération, de paiement ou d’avantage. L’incitation à la débauche ou à la prostitution d’un mineur est, dans le cas où la victime n’a pas seize ans (qui est l’âge de la majorité sexuelle en Belgique), passible d’une peine de réclusion allant de quinze ans à vingt ans et d’une amende de mille euros à cent mille euros.

Comme l’explique Infor Jeunes, depuis 2022, l’ensemble des dispositions relatives à l’exploitation sexuelle des mineur·e·s se retrouve dans une seule et même section. Cette nouvelle section regroupe dorénavant les comportements punissables suivants :

• L’approche de mineur·e·s à des fins sexuelles ;
• L’exploitation sexuelle de mineur·e·s dans la prostitution ;
• Les images d’abus sexuels de mineur·e·s (pédopornographie).

Ces infractions sont imprescriptibles, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de délai maximum avant lequel il faut porter plainte. Les auteurs de ces infractions pourront être poursuivis à tout moment.

Le proxénétisme

En Belgique, depuis 2022, le travail du sexe a été dépénalisé, c’est-à-dire qu’il a été retiré du Code Pénal et n’est plus punissable par la loi. Les client·e·s ne sont pas non plus punissables lorsqu’ils·elles rémunèrent un·e travailleur·euse du sexe majeur·e pour des services sexuels.

Cependant, le proxénétisme reste bien évidemment toujours condamnable. Dans l’article 433quater/1 du Code Pénal, il est défini comme consistant en l’un des actes suivants commis à l’encontre d’une personne majeure :

• Organiser la prostitution d’autrui dans le but d’en retirer un avantage, sauf dans les cas prévus par la loi ;
• Promouvoir, inciter, favoriser ou faciliter la prostitution dans le but de retirer, directement ou indirectement, un avantage anormal économique ou tout autre avantage anormal ;
• Prendre des mesures pour empêcher ou rendre plus difficile l’abandon de la prostitution.

Cette infraction peut déjà être punie lorsqu’il y a tentative, et donc même si elle n’abouti pas.

Les personnes victimes de proxénétisme sont, la plupart du temps, exposées à diverses formes de violence. Il n’est pas rare que les personnes prostituées, femmes et hommes, soient violentées physiquement (agressions physiques, coups, etc.), sexuellement (agressions sexuelles, attouchements, viols, etc.), verbalement (insultes, agressions verbales, etc.), psychologiquement (attaques verbales visant à rabaisser, manipulation psychologique, etc.), économiquement (obligation de reverser un très grand pourcentage de la somme récoltée voire sa totalité, etc.) ou encore administrativement (privation des documents d’identité, de permis de séjour, etc.). Ces violences sont notamment exercées par les proxénètes et les clients des personnes prostituées.

Quelles conséquence sur la santé ?

Le proxénétisme et les violences associées ont des conséquences principalement psychologiques, physiques et sociales sur la santé des personnes prostituées. Ces séquelles sont parfois très importantes et néfastes.

• Les séquelles physiques : infections sexuellement transmissibles, blessures internes et externes (dues à des clients dangereux ou à des proxénètes violents), stérilité, etc. ;
• Les séquelles psychologiques : perte d’estime et de confiance en soi, méfiance vis-à-vis des autres, addictions (alcool ou drogues dures), etc. Durant les actes sexuels, il arrive très souvent que les personnes prostituées de force « sortent de leur corps » pour supporter le moment vécu et tendent, par la suite, à être déconnectées du réel ;
• L’exclusion de la société : quitter ce mode de vie peut impliquer des difficultés de parcours comme notamment l’obtention de documents officiels ou le retour sur le marché du travail, qu’il faut trouver avec une période de vide sur le CV. De plus, il n’est parfois pas facile pour les personnes prostituées de force, ou anciennement prostituées de force, de se faire une place dans la société ou de se sentir acceptées.

Vers qui me tourner ?

Espace P – Accueil, aide sociale, informations juridiques, prévention du Sida/VIH, consultations médicales, vaccination, toxicomanie, etc. destinés aux personnes prostituées. Les coordonnées des différentes antennes se trouvent ici.

UTSOPI – Union belge des travalleur·euses du sexe.

D’autres ressources et services d’aide en cas de violences sexuelles se trouvent sur notre article Vers qui me tourner en cas de violences sexuelles ?.