En Belgique, près de 4 plaintes pour viol sont enregistrées chaque jour dans les parquets correctionnels (chiffres de 2014). Mais ces chiffres ne reflètent pas la réalité. Il est très difficile d’estimer le nombre réel de viols commis en Belgique car ce que l’on nomme le « chiffre noir », c’est-à-dire les viols qui ne sont pas dénoncés à la police, est probablement très élevé. Certaines études vont jusqu’à estimer que sur 100 viols, seuls 10 sont dénoncés.
S’il est impossible de répondre clairement à la question « Pourquoi y a-t-il tant de viols ? », certains éléments liés à la société et à la communauté peuvent expliquer l’ampleur de ce phénomène. Il faut d’ailleurs souligner que plusieurs de ces aspects expliquent que de nombreuses victimes préfèrent garder le silence sur ce qui leur est arrivé.
Lois et politiques
Les lois et les politiques relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes en général, et à la violence sexuelle en particulier, ont évidemment une influence sur l’ampleur de ce phénomène. Si les politiques sont strictes et les peines risquées sont grandes, le nombre d’agressions sexuelles diminuera. Mais dans le cas du viol, cela n’est pas aussi simple. Vu qu’il est très difficile pour une victime de relater ce qui lui est arrivé, un très faible nombre de viols débouchent sur un dépôt de plainte. Parmi ceux-ci, il est courant que la victime porte plainte bien après les faits, lorsqu’elle en trouve la force. Le problème est alors qu’il est très difficile d’apporter des preuves pouvant entraîner la condamnation de l’auteur. Il est donc actuellement difficile d’utiliser le cadre légal et politique pour lutter efficacement contre les viols.
Influences culturelles
Divers éléments légitiment les violences sexuelles : considérer que l’homme est supérieur à la femme et qu’il a le droit d’exiger des relations sexuelles et/ou vivre dans une communauté tolérant les violences sexuelles et les condamnant peu sévèrement, etc. Rappelons notamment que la notion de devoir conjugal n’est pas d’application dans la loi belge et que le viol entre époux et conjoints est condamnable depuis 1989.
Honneur familial et pureté sexuelle
Il arrive que des familles considèrent les femmes comme seules responsables d’une agression sexuelle, ce qui laisse les hommes impunis. Ce type de réaction a pour conséquence d’augmenter la culpabilité des femmes, en particulier dans les cultures où l’honneur familial et la virginité ont une grande importance. Dans ces milieux, on assiste parfois à des mariages forcés : la victime se retrouve mariée à son agresseur, afin de préserver l’honneur familial et la pureté de la fille.
Normes sociales
L’idée de domination masculine est omniprésente dans nos sociétés et la sexualité est loin d’échapper à la règle. Les violences sexuelles commises par les hommes puisent en grande partie leur origine dans certains clichés sur les droits des hommes dans le domaine de la sexualité, comme le fait qu’un homme ne pourrait pas réprimer ses pulsions sexuelles, qui sont de toute façon provoquées par les femmes.
La banalisation de la sexualité et l’accessibilité de la pornographie
La grande accessibilité de la pornographie mainstream joue un rôle prépondérant dans les violences sexuelles entre mineur(e)s. Les jeunes ont accès à la pornographie mainstream de plus en plus tôt, ce qui influence leurs relations amoureuses et sexuelles. Ils développent donc de plus en plus une sexualité précoce et ont tendance à prendre ces images comme exemple pour leurs relations. Le problème est que dans le porno mainstream, la notion de consentement est très peu présente : les femmes acceptent très vite d’avoir des relations avec les hommes. Du coup, le consentement reste souvent quelque chose d’assez flou pour les jeunes. De plus, la pornographie mainstream donne bien souvent une image dégradante des femmes, ce qui influence également les comportements des jeunes à l’encontre des femmes.
La culture du viol
Enfin, il y a ce que l’on nomme la « culture du viol ». Sous cette expression se cache la banalisation des viols. Que ce soit dans l’art, dans la publicité ou encore dans les récits de fiction (notamment les mythes et textes sacrés), les scènes de viol sont omniprésentes. La culture du viol est alimentée par les différentes idées reçues en matière de viol et de violences sexuelles. « Une femme qui dit non veut en fait dire oui », « elle a accepté de boire un verre chez lui, elle ne doit pas s’étonner qu’il l’ait violée ». Ces stéréotypes participent à légitimer et banaliser le viol, ce qui fait qu’il y en a tant dans nos sociétés.
Beaucoup d’auteurs mettent en avant leur bonne relation avec la victime, mais un « non » est un « non ». Peu importe si ce jour-là, la victime a bu un verre avec l’auteur, si elle l’a embrassé ou même si elle a, à un moment donné, envisagé d’avoir des relations sexuelles avec lui. Si une personne dit « non » à des avances et que, malgré ça, cela va plus loin, c’est un viol.
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